Éloïse Decazes & Eric Chenaux
NEWS
- 22/07/2013
ELOÏSE DECAZES ET ERIC CHENAUX REJOIGNENT NOTRE ROSTER
Eloïse Decazes (du duo Arlt) et Eric Chenaux (auteur d’une poignées d’albums sur le label Constellation et accompagnateur de Sandro Perri, notamment) ont enregistré ensemble un bref recueil de chansons françaises glanées à travers les âges ( de la tradition orale du xiième siècle jusqu’à Fontaine-Areski), paru récemment sur le jeune label belge Okraïna. Chenaux, tisse à la
BIO
Véritable chanteuse halogène, Eloïse Decazes hante depuis quelques années les ruines de la chanson française, notamment au sein du groupe Arlt. On l’a par ailleurs entendue miniaturiser les Folksongs de Luciano Berio en compagnie de Delphine Dora ou improviser sur cassette des hymnes au Titanic avec Le Ton Mité. Son timbre mystérieux, dont on peine à démêler le chaud du froid, son articulation faussement sereine, et cette façon de perturber les durées en chantant l’ombre des notes plutôt que les notes sont immédiatement reconnaissables.
Quant à Eric Chenaux, guitariste virtuose, il est connu pour avoir cessé un beau jour de prendre son outil au sérieux, préférant y voir un instrument bâtard et s’étonner lui-même d’en sortir tout à la fois des sons d’orgue ou de viole de gambe, de canne à pêche électrique ou de fusil tombé dans l’eau. Le pire, c’est que c’est très beau. À part ça, c’est un théoricien retors et il chante admirablement. Pour preuves, ses albums parus sur le label Constellation, dont le syncrétisme minimal, le groove et la spéculation considérée comme un érotisme, évoquent une espèce d’Arthur Russell piqué de Marvin Gaye. C’est aussi un improvisateur de premier plan, qui défonce tous les clichés du genre, à force d’humour et de paradoxes.
L’amour de ces deux grands irréguliers pour la chanson ancienne les rassembla sur un même disque, enregistré en deux après-midi à Toronto et paru sur le label belge Okraïna. On y entendait principalement de longues complaintes glanées du Moyen Âge au 19 ème siècle, pleines de meurtres et de métamorphoses, étirées d’une voix pâle et hérissées de contrepoints guitaristiques et de mélodica patraque, de dissonances et de drones égorgés à l’archet. On parla pour se rassurer de Nico et John Cale, ou d’Areski-Fontaine, mais en vérité ce drôle d’objet ne ressemblait pas à grand-chose de connu. Cette rencontre de l’inouï et du familier, du très ancien et du très moderne, du très savant et du pas savant du tout frappa quelques têtes et le disque fut rapidement épuisé, devenant l’objet d’un petit culte assez fervent chez les amateurs de beautés pas franchement normées.
‘La bride’, sorti à l’enseigne lausannoise three:four records est leur deuxième album et il est peut-être encore plus étonnant.
Qu’est-ce qu’on y trouve ? Dix nouvelles chansons d’autrefois repensées à deux et de fond en comble, arrangées avec autant de folie que de science. On meurt toujours beaucoup dans ces chansons sans refrain, qui sont des rouleaux et des ruisseaux. On ne sait y aimer que furieusement et on s’y perd à peu près partout. On en raconte des vertes et des pas mûres dans une langue aux tournures insensées. Les animaux ont la parole et la forêt flanque la frousse, les enfants font l’amour, et les pères meurent au fil de l’épée du fiston, c’est bien fait. Mais Eloïse Decazes, plus danseuse qu’actrice, plus plasticienne que conteuse, plus musicienne que quoi que ce soit, n’en rajoute pas dans le littéral, ne théâtralise jamais ses récits, préférant souffler les mélodies comme du verre ou en gratter le calcaire et la craie, cherchant l’air dans le déroulé touffu des couplets. Sa voix d’aube et ses agencements curieux ainsi que les multiples parti-pris sonores de Chenaux sont autant de fusées éclairantes qui dans la noirceur des thèmes font un ballet d’ombres et de lumières très lent et très beau. Il faut entendre ces arpèges fermement désaxés sur le nylon que le vibrato et les motifs entrelacés de guitare électrique viennent troubler voire liquéfier par vagues. Il faut entendre les bourdons et les lucioles. C’est rempli de surprises et d’émotions contrastées. Autre chose qui nous sidère, c’est combien ce drôle d’album fait parfois tourner la tête, à force de majesté vocale et de faux violons rampants, de suicides harmoniques ou de soli égarants, combien il subvertit ses formes, mais sans tapage, avec bienveillance et dans le plus grand calme.
‘La bride’ n’est pas un disque de folk, précisons-le, ni même d’ailleurs de musique dite traditionnelle. C’est un disque de musique nouvelle rêvé et pensé à partir de très vieilles mélodies, ce dont attestent la production toute en stéréo mouvante, le psychédélisme doux, un dialogue souriant avec une certaine modernité intrépide (Monk, Cage, Derek Bailey ou les disques « Obscure » de Brian Eno en ligne de mire), l’amour des questions et la quête inlassable d’un présent sans cesse recommencé.
FORMATION
Éloïse Decazes : voix
Eric Chenaux : guitare
LINKS
PRESS
The Quietus
‘Decazes and Chenaux treat the songs as smeared and sun-bleached tableaux, mostly letting the strange or disturbing details speak for themselves.’
THE WIRE
“There’s a medieval je ne sais quoi in the air, though Decazes and Montreal guitarist Eric Chenaux‘s approach is contemporary rather than academic.”
CONTACT
Booking : Julien Bitaudeau
Promo : Varvara Papaspanopoulou
TAGS
‘La Complainte du Roi Renaud & Blanche Biche’ par La Blogothèque
DISCOGRAPHIE
La Bride
three:four records2017
LP / CD / Digital
BuyELOÏSE DECAZES ERIC CHENAUX
Okraina2012
10"
Past shows
- DateCountryCityVenuewith
- 01/22/2020FranceParisFestival 'Au Fond De l'Hiver', Espace Binfos event
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- 22/07/2013
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Eloïse Decazes (du duo Arlt) et Eric Chenaux (auteur d’une poignées d’albums sur le label Constellation et accompagnateur de Sandro Perri, notamment) ont enregistré ensemble un bref recueil de chansons françaises glanées à travers les âges ( de la tradition orale du xiième siècle jusqu’à Fontaine-Areski), paru récemment sur le jeune label belge Okraïna. Chenaux, tisse à la
BIO
Véritable chanteuse halogène, Eloïse Decazes hante depuis quelques années les ruines de la chanson française, notamment au sein du groupe Arlt. On l’a par ailleurs entendue miniaturiser les Folksongs de Luciano Berio en compagnie de Delphine Dora ou improviser sur cassette des hymnes au Titanic avec Le Ton Mité. Son timbre mystérieux, dont on peine à démêler le chaud du froid, son articulation faussement sereine, et cette façon de perturber les durées en chantant l’ombre des notes plutôt que les notes sont immédiatement reconnaissables.
Quant à Eric Chenaux, guitariste virtuose, il est connu pour avoir cessé un beau jour de prendre son outil au sérieux, préférant y voir un instrument bâtard et s’étonner lui-même d’en sortir tout à la fois des sons d’orgue ou de viole de gambe, de canne à pêche électrique ou de fusil tombé dans l’eau. Le pire, c’est que c’est très beau. À part ça, c’est un théoricien retors et il chante admirablement. Pour preuves, ses albums parus sur le label Constellation, dont le syncrétisme minimal, le groove et la spéculation considérée comme un érotisme, évoquent une espèce d’Arthur Russell piqué de Marvin Gaye. C’est aussi un improvisateur de premier plan, qui défonce tous les clichés du genre, à force d’humour et de paradoxes.
L’amour de ces deux grands irréguliers pour la chanson ancienne les rassembla sur un même disque, enregistré en deux après-midi à Toronto et paru sur le label belge Okraïna. On y entendait principalement de longues complaintes glanées du Moyen Âge au 19 ème siècle, pleines de meurtres et de métamorphoses, étirées d’une voix pâle et hérissées de contrepoints guitaristiques et de mélodica patraque, de dissonances et de drones égorgés à l’archet. On parla pour se rassurer de Nico et John Cale, ou d’Areski-Fontaine, mais en vérité ce drôle d’objet ne ressemblait pas à grand-chose de connu. Cette rencontre de l’inouï et du familier, du très ancien et du très moderne, du très savant et du pas savant du tout frappa quelques têtes et le disque fut rapidement épuisé, devenant l’objet d’un petit culte assez fervent chez les amateurs de beautés pas franchement normées.
‘La bride’, sorti à l’enseigne lausannoise three:four records est leur deuxième album et il est peut-être encore plus étonnant.
Qu’est-ce qu’on y trouve ? Dix nouvelles chansons d’autrefois repensées à deux et de fond en comble, arrangées avec autant de folie que de science. On meurt toujours beaucoup dans ces chansons sans refrain, qui sont des rouleaux et des ruisseaux. On ne sait y aimer que furieusement et on s’y perd à peu près partout. On en raconte des vertes et des pas mûres dans une langue aux tournures insensées. Les animaux ont la parole et la forêt flanque la frousse, les enfants font l’amour, et les pères meurent au fil de l’épée du fiston, c’est bien fait. Mais Eloïse Decazes, plus danseuse qu’actrice, plus plasticienne que conteuse, plus musicienne que quoi que ce soit, n’en rajoute pas dans le littéral, ne théâtralise jamais ses récits, préférant souffler les mélodies comme du verre ou en gratter le calcaire et la craie, cherchant l’air dans le déroulé touffu des couplets. Sa voix d’aube et ses agencements curieux ainsi que les multiples parti-pris sonores de Chenaux sont autant de fusées éclairantes qui dans la noirceur des thèmes font un ballet d’ombres et de lumières très lent et très beau. Il faut entendre ces arpèges fermement désaxés sur le nylon que le vibrato et les motifs entrelacés de guitare électrique viennent troubler voire liquéfier par vagues. Il faut entendre les bourdons et les lucioles. C’est rempli de surprises et d’émotions contrastées. Autre chose qui nous sidère, c’est combien ce drôle d’album fait parfois tourner la tête, à force de majesté vocale et de faux violons rampants, de suicides harmoniques ou de soli égarants, combien il subvertit ses formes, mais sans tapage, avec bienveillance et dans le plus grand calme.
‘La bride’ n’est pas un disque de folk, précisons-le, ni même d’ailleurs de musique dite traditionnelle. C’est un disque de musique nouvelle rêvé et pensé à partir de très vieilles mélodies, ce dont attestent la production toute en stéréo mouvante, le psychédélisme doux, un dialogue souriant avec une certaine modernité intrépide (Monk, Cage, Derek Bailey ou les disques « Obscure » de Brian Eno en ligne de mire), l’amour des questions et la quête inlassable d’un présent sans cesse recommencé.
FORMATION
Éloïse Decazes : voix
Eric Chenaux : guitare
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The Quietus
‘Decazes and Chenaux treat the songs as smeared and sun-bleached tableaux, mostly letting the strange or disturbing details speak for themselves.’
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“There’s a medieval je ne sais quoi in the air, though Decazes and Montreal guitarist Eric Chenaux‘s approach is contemporary rather than academic.”
DISCOGRAPHIE
La Bride
three:four records2017
LP / CD / Digital
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Okraina2012
10"
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Booking : Julien Bitaudeau
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