Arrest
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TRACKLISTING

  1. Into the Sea
  2. Be Mine
  3. When You’re Near
  4. Easter Story
  5. Seeing It
  6. After Dark
  7. Weeping Willow
  8. You Can Make Me Feel Bad [Arthur Russell cover]
  9. Paper Tiger
  10. Birdsong
  11. Ordinary

PRESSE

Powerdove

Arrest

MM011
Date de sortie: 15/09/2014

Annie Lewandowski (piano, accordéon) est une improvisatrice fameuse que l’on a notamment croisée aux côtés de quelques héros immortels comme Fred Frith, Charles Hayward, ou Chris Cutler. Elle fut également de l’aventure des Curtains du génie Chris Cohen. Depuis 2007, sous le nom powerdove, elle s’épanche aussi le long de belles chansons poétiques, sensibles et réflexives à la fois, qu’elle chante gracieusement, sans tapage, en s’accompagnant à l’accordéon bourdonnant.

Après un EP autoproduit ‘Live from the Maybeck House‘ et l’album ‘Be Mine‘ (Circle into Square, 2010) avec Alex Vittum à la batterie et Jason Hoopes à la basse), elle enregistre le très beau ‘Do You Burn?  (Murailles Music / Africantape, 2013) en compagnie de l’américain John Dieterich (Deerhoof, Gorge Trio, Colossomite) et du français Thomas Bonvalet (Cheval de Frise, L’Ocelle Mare, croisé aussi avec Radikal Satan ou Arlt). Colossale surprise, où l’on découvre éberlué un art fragile de la popsong idéale (lyrics concis et poétiques, mélodie attrape-coeurs, émotion directe) chahuté avec un naturel confondant par le vocabulaire hirsute des musiques savantes ou improvisées.

Avec ‘Arrest‘, powerdove reconduit la formule et la renouvelle pourtant. Enregistré en un jour (!) à San Francisco par Ian Pellicci, c’est un disque de ballades dira-t-on, douces et dangereuses comme autant de baisers volés, sensuelles et porteuses de menaces, charriant en leurs ombres nombreuses les affres à venir forcément, abandonnées à tous les périls, à tous les vents mauvais mais aussi à toutes les joies, haut les coeurs et au mépris du raisonnable.

Le chant terrien d’Annie (lignes claires tirée d’un geste sûr à l’orée du souffle, sans effet, sans vibrato, presque sans poumon) confère aux morceaux un réel sentiment d’intimité. Mais une intimité inquiète, grondante, à deux pas des radiateurs qui chuintent et des monstres qui se frappent le ventre sous le lit, derrière l’armoire, dans le robinet qui fuit. Dieterich, quand il ne tire pas de sa guitare électrique de très étranges accords clignotants, alternant cadences baroques, abstractions pures, et motifs avant-pop fait résonner les harmoniques d’un dobro très peu orthodoxe entre les coups de semonce d’un Bonvalet toujours aussi bagarreur et tendre (bagarreur, parce qu’il faut l’entendre malmener son banjo détuné, faire aller ses boites à musiques saturées, taper des pieds, taper des mains, s’époumoner dans son orgue à bouche, faire grésiller, trembler et rendre gorge à tout ce qui lui tombe sous la main, y compris le temps lui-même, déjoué à coups de métronomes contradictoires, tendre dans sa très délicate manière de célébrer sans la ramener les forces de l’intranquillité, l’amour du vacarme et, passant, de documenter le silence à la fois comme une matière, une durée, une géographie).

Ajoutons à cet égard, que ce qui frappe justement ici, est que tout est immédiatement émouvant. Pas seulement, donc, les chansons en elles-mêmes, évidentes, un peu frêles, pas si éloignées en leurs fléchissements divers, leur justesse sans manières, leur honnêteté, de celles d’une Sybille Baier par exemple. Mais aussi le moindre bruit, le moindre souffle, le moindre râclement, traités avec la même intensité sentimentale que les mélodies radieuses ou que les couplets amoureux. Larsen, feedback, percussions arythmiques, distorsions, tout concourt à un très surprenant bruitisme affectueux et radieux, qui va droit au coeur.

‘Arrest‘ est un disque bref (33 minutes entêtantes et maboules), exaltant parce qu’intrigant de bout en bout et profondément, « réellement » mystérieux. Pas d’énigmes, pas de rébus, pas de surréalisme fastoche ici mais bel et bien la lutte commune de trois individus profondément engagés, qu’on sent là, partageant le même espace, tout en nerfs, en chair et en souffles tissés, qui se cognent le Vivant à mains nues, avec ses aspérités, ses humeurs changeantes, ses très heureuses contradictions.

Annie Lewandowski : voix, piano, accordéon
John Dieterich : guitare, dobro
Thomas Bonvalet : « Stringin’ It », audio Ducker, taper des pieds, taper des mains, orgue à bouche, clochette de bureau amplifiée, banjo à six cordes, métronomes avec clochette, peau de tambour, concertina, harmonica amplifié, chant d’oiseau de geai, plectre de cosses de pavot sec, anches d’harmonica, componium, microphones, amplis

Enregistré par Ian Pellicci au Tiny Telephone (San Francisco, USA) Juillet 2013

Mixé et Masterisé par powerdove, 2013

Artwork et conception par Mark Beyer

Toutes les chansons © powerdove (ASCAP) 2014, sauf « You Can Make Me Feel Bad » Arthur Russell © Audika Records 2004

© Murailles Music


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