Berceuses des deux mondes

Alors que nos oreilles s’égarent dans la cacophonie d’un monde saturé, noyées par la dissonance et l’excès des bruits qui nous assiègent, Rien Virgule nous invite à explorer des interstices sonores, à ralentir et à résister à la frénésie. Avec ‘Berceuses des deux mondes’, les incendies assourdissants des vacarmes s’éteignent, le volume du monde suramplifié s’apaise, et la musique se fait refuge. On écoute comme on contemple une flamme vacillante à la bougie, teintée d’une mélancolie lumineuse.

Deux oreilles comme deux mondes : des contrastes s’y reflètent, des pièces musicales se transforment en mouvements, des espaces telluriques s’entrechoquent, craquent et résonnent. Avec ce quatrième album, le groupe amplifie sa géologie musicale, révélant des forces à peine perceptibles, tout en tension et en subtilité, pour sculpter des paysages sonores ciselés.

La musique de Rien Virgule s’écoute comme un opéra, où chaque mouvement s’enchaîne dans un temps continu. Elle exige une écoute attentive, un moment suspendu, une immersion totale, comme un fleuve sonore qui nous emporte de bout en bout.

Telle une itinérance sonore, les chemins de cet album nous transportent à travers des paysages fantastiques : des hauteurs vertigineuses, des reliefs inconnus, des zones de confort et d’inconfort, parfois troublées par des hallucinations auditives. Nos oreilles y cheminent sur des tapis de basses profondes, déchirés par des éclats rugueux et éphémères, avant de s’adoucir sous les caresses de vibrations brutes et libérées.

Les chants et synthétiseurs d’Anne Careil, tantôt éthérés tantôt fiévreux, s’entrelacent aux rythmes piégés et texturés de Mathias Pontevia et aux mélodies déchirantes de Manuel Duval. Les textes, chantés tels des mantras, se répètent pour conjurer la douleur, retrouver la sérénité, respirer et renouer avec un tempo intérieur apaisé.

‘Berceuses des deux mondes’ déploie une musique physiologique, ventrale, et consolante pour mieux écouter les battements de son cœur et de son tympan.

Rien Virgule, groupe fratrie depuis 2012, est composé d’Anne Careil (voix et synthétiseur), Mathias Pontevia (batterie horizontale) et Manuel Duval (synthétiseurs horizontaux), après avoir tragiquement perdu l’un de ses membres en 2019, Jean-Marc Reilla.

Ielles ont publié Trente jours à grande échelle (2015), Le Couronnement des silex (2019), La Consolation des violettes (2021) et Berceuses des deux mondes (2025) sur les labels Murailles Music, La République des Granges, Permafrost et Zamzamrec.

Tracklist :
Face A :  1)  Le rythme du sang   2)  Rimane Solo
Face B : 1)  Petits os déshérités  2) Ostinato des parades  3) Enclos des langues
               4) Chute imaginaire d’un astre
Face C : 1) L’esprit bruyant  2) Les intrus du cosmos  3) Sources jaunes
               4) Le manifeste évaporé
Face D : 1) Lenteur des montagnes  2) Labyrinthes 

Crédits :
Composé et joué par Mathias Pontevia, Anne Careil et Manuel Duval
Enregistré et mixé au studio de la Grange Cavale par Manuel Duval
Masterisé par Camille Jamain
Artwork: Anne Careil et Manuel Duval avec Maïa Reilla
Peinture intérieure: Laure Gallet

MM037 -ZZ86 – PERMA17 – LRDG076

© Zamzamrec, Permafrost, Murailles Music & La République des Granges 2025